dimanche 4 septembre 2016

La congrégation des Dames Bernardines de Belley





Extrait de baptême de Pierrette Marie de Luyset

L’histoire des Bernardines réformées de la rue des Barons à Belley commence avec la naissance, le 25 janvier 1762, de Pierrette Marie Josephette, fille de André de Luyset, seigneur de la maison-forte de Lompnaz et de Marie de la Forest dont le berceau de la famille se trouve au pied de la Dent du Chat.
L’hôtel particulier des Luyset, Grande Rue, lieu de naissance de Pierrette Marie, a été démoli en 1838 lors du percement de la rue du Palais.



Le couvent des Ursulines en arrière plan le coteau de Melon
Pierrette Marie fait ses études chez les Ursulines, rue Saint-Martin, auprès de sa tante, puis au couvent de l’Enfant-Jésus à Lyon.
En raison, semble-t-il, d’une disgrâce physique, sa famille l’incite à embrasser la vie religieuse.
Elle choisit de prononcer ses vœux chez les Bernardines de Seyssel.
En 1793 les révolutionnaires l’obligent à rentrer à Belley où elle vint en aide aux prêtres réfractaires et ouvre sa maison pour la célébration d’offices clandestins.
La vie reprenant un cours plus calme, elle s’occupe de l’éducation des jeunes filles.



Plan cadastral de 1835
Sur ses fonds propres, elle achète la propriété du lieutenant général Balme de Sainte-Julie et s’y installe avec quelques ex-religieuses et leurs élèves-pensionnaires.
La propriété comprenait un bâtiment à usage de chapelle, des constructions utilisées par les services de la communauté et du pensionnat, ainsi qu’à l’angle des rues des Barons et Saint-Jean, une maison occupée par l’aumônier où, en 1811, elle accueille des prélats romains emprisonnés à Pierre-Châtel par Napoléon.



Ne subsiste de nos jours que la portion gauche du bâtiment le parking proche de la sous-préfecture occupe la place de la construction démolie dans les années 1960.
En 1821 les autorités ecclésiastiques donnent leur agrément en vue d’installer une congrégation suivant la règle de saint Bernard dans le monastère de l’Immaculée Conception de Belley, agrément entériné par l’ordonnance du roi Louis-Philippe du 13 février 1843.
En 1833 se déroule la première élection et la Mère de Luyset devient la première supérieure des Bernardines de Belley et est réélue quasiment jusqu’à la fin de sa vie.
En un siècle, quelques 130 religieuses (originaires pour la plupart du Bugey, Petit-Bugey et du Nord-Dauphiné) ont appartenu à la congrégation.



A côté du monastère un pensionnat pour jeunes filles dispense, pour quelques 40 élèves, un enseignement qui attire « les demoiselles des meilleures familles du Bugey ».



Au fond, le cloître qui donne accès à la chapelle (gauche de la photo) construite à partir de 1821.
Celle-ci est partiellement ouverte aux fidèles séparés par une grille et hors la vue des moniales (observance de la règle de la clôture).
Au premier plan à gauche, le logement des religieuses édifié en 1890/1891, aujourd’hui occupé par les services de la sous-préfecture.
En 1905 la séparation des Eglises et de l’Etat chasse les sœurs. Ne restent que 12 d’entre elles âgées ou infirmes et quatre sœurs pour s’en occuper.
Les héritiers de la Mère de Luyset, au terme d’un long procès, obtiennent la nue propriété des lieux tandis que les revenus sont affectés à l’entretien des religieuses jusqu'à l’extinction du bâtiment.



Pendant la guerre de 14/18 les locaux sont occupés par les blessés.
Les religieuses se feront infirmières et seront médaillées pour leur dévouement.



Par décret de Rome en date du 12 novembre 1947, la congrégation est dissoute et les dernières religieuses se retirent au monastère Notre Dame de la Paix dans les Alpes-Maritimes.

Le dossier complet qui a nécessité plusieurs années de recherches est consultable par tous à la bibliothèque d’ABIS.
Dossier réalisé essentiellement à partir des archives du diocèse de Belley, de celles du dernier monastère des Bernardines réformées dans le Valais suisse ainsi que des collections de Paul Brunet et Jean de Seyssel dont je salue la mémoire.